À la Maison des langues, on donne des cours de langues. Anglais, espagnol, basque, portugais.... Mais que disent les linguistes à propos des langues ? Analyse (très rapide) de Gaël.

Langue, dialecte, patois

 

Tout d’abord, une langue au sens large du terme est un ensemble de morphèmes et de phonèmes utilisés de manière à créer des mots et articuler un récit pour communiquer. Un phonème est une unité de son, une syllabe est un ou plusieurs phonèmes. Le français comporte 36 phonèmes : 16 voyelles et 20 consonnes sonores. Un morphème est une unité de sens, à savoir le son le plus court portant un sens. Un morphème peut être très court, comme “a” ou long, comme “maison”.

En enchaînant morphèmes et phonèmes, nous parvenons à articuler nos idées et communiquer au sein d’une communauté.

 

Nous avons, en français, un grand nombre de mots pour désigner une langue. Il s’agit cependant dans beaucoup de cas de mauvais emplois selon certaines disciplines. Alors, que dit la linguistique française de tout ça ? Voici ce qui m’a été enseigné durant mes études.

Une langue doit obéir à de nombreuses règles pour obtenir cette dénomination. En premier lieu, elle doit être utilisée autant dans le cadre familial que dans le cadre du travail de manière répandue et non localisée. Ensuite, elle doit être unifiée, définie et obéir à des règles établies. Enfin, elle doit être vivante, évoluer et se développer avec le temps et son usage.

Un dialecte découle d’une ou plusieurs langues et n’entre pas dans ces critères. Souvent, il est localisé et/ou n’a pas de règles fixes. Par exemple, l’alsacien est un dialecte puisqu’il a deux variantes principales, le Bas-Rhinois et le Haut-Rhinois (ainsi qu’une multitude de variations additionnelles), n’a pas de règles établies de manière officielle, bien qu’elles existent, et n’est que peu utilisé dans le cadre du travail.

Enfin, un patois est une variation locale (ville/village/communauté de commune pour un patois français.)

 

 

Une classification injuste

 

Cependant, cette définition établit une hiérarchie et, personnellement, ne me satisfait pas. En effet, tout système de communication parlé porte plus de sens qu’il n’en a l’air, et un patois a autant de mérite, à ce titre, qu’une langue.

Une langue (au sens large) représente tout d’abord l’appartenance à une communauté. Être capable de s’exprimer en euskara, elsassisch, breton ou plattdeutsch permet de s’identifier à ces cultures, ces modes de vie, ce patrimoine. Elle remplit une fonction sociale nécessaire au bien-être.

Plus que ça, les langues portent avec elles une vision du monde. Où nous parlerions d’attraction touristique, de joli coin, les Russes diront, en un mot, lieu digne d’un rêve (достопримечательность). La saudade portugaise ou le Sehnsucht allemand portent plus en eux que notre nostalgie. L’anglais cosy est approchable de l’allemand gemütlich, mais cette idée de confort est bien particulière. Le finnois Sielunmaisema ou le Heimat allemand renvoient à cette idée d’appartenance agréable. Vous vous sentez chez vous, de manière subtile ou littérale. En basque, le coeur est le bihotzak, le bruit de l’âme.

En plus de cette vision du monde, les langues sont un héritage historique, elles portent en elles le fruit de siècles d’utilisation et de développement. Des siècles de vie. Chaque événement majeur a créé son vocabulaire qui lui est propre. Chaque instant de vie a insufflé davantage de puissance à son vocabulaire.

 

 

La langue maternelle est l’un des outils les plus puissants à notre disposition, qu’il s’agisse d’un patois ou d’une langue internationale. Elle est vectrice de bien-être, de confiance et d’autonomie. Elle offre l’imagination, la créativité et le contrôle de soi. Elle permet de vivre.

En ajoutant des langues à votre bagage, vous développez de nouveaux axes dans chacun de ces domaines.

 

Alors, qu’attendez-vous ?